Le Jazz (et genres affiliés)

Ah, le jazz... Ca fait pas longtemps que je m'y suis mis, croyant que c'était chiant... Eh beh, je me trompais carrément ! Ce genre me correspond parfaitement ! Ma porte d'entrée a été...

Frank Zappa : Avec Hot Rats et The Grand Wazoo ! Deux albums du même genre (jazz-rock) mais qui n'ont pas grand chose à voir ! Hot Rats est un album de jazz-rock ou l'improvisation est présente mais beaucoup moins que sur The Grand Wazoo. Grand Wazoo est en big-band, Hot Rats non. Et Hot Rats reste globalement plus calme, même s'il y a des passages rock'n'roll ! Bref, dans le jazz-rock, j'avais l'album pionnier du genre, Hot Rats... Je n'allais pas m'arrêter en si bon chemin...

Miles Davis : Avec Bitches Brew ! Miles Davis, trompettiste de jazz, avait commencé, sur les deux albums précédents (Filles de Kilimandjaro et In A Silent Way), a utiliser des instruments électriques, mais le tout restait globalement calme. Avec Bitches Brew, Miles embarque une équipe de folie et enregistre un double album de longues plages (s'étalant jusqu'à 27 minutes) avec un thème, et de l'impro sur ce thème. Les musiciens sont déchaînés, Miles avec ! L'une des plus grosses ventes du jazz !
Voulant en découvrir plus, je décide de prendre le précédent, In a Silent Way justement. Beaucoup plus calme mais tout aussi génial. Me sentant prêt à découvrir le jazz acoustique, tout en continuant avec Miles, je décide de prendre cette boîte : http://www.amazon.fr/La-discoth%C3%A8que-id%C3%A9ale-Miles-Davis/dp/B005ELZNH0/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1366623958&sr=8-1&keywords=miles+davis+discoth%C3%A8que
20 albums de Miles pour ce prix, c'est donné.
Le jour où je reçois la boîte, je décide d'y aller en douceur et de finalement continuer avec un album de jazz-rock : A Tribute to Jack Johnson.
3ème claque ! Encore une fois, les morceaux sont globalement improvisés et mieux encore : le batteur, le guitariste et le bassiste décident d'improviser du blues et de l'enregistrer (on ne sait jamais). Miles, qui est dans la cabine du studio, entend ça et n'en croit pas ses oreilles : il devait enregistrer la bande-originale pour un documentaire sur le boxeur Jack Johnson, mais ne trouvait rien de convaincant... Alors, quand il entend ça, il se dit que c'est exactement ce qui lui faut ! Au bout de 3 minutes, il entre, branche sa trompette et c'est parti ! Appelé en renfort, au bout de 15 minutes, Herbie Hancock (qui n'était même pas dans le studio) arrive et branche ses claviers et vient improviser avec eux ! Au final, 27 minutes de pur bonheur ! Le deuxième morceau est magnifique, avec un final parlé qui fout des frissons...
Cette fois-ci, je me lance dans le jazz acoustique ! Je prends complètement au hasard Miles Smiles. J'aime bien, mais c'est pas très facile d'accès et l'impression que chaque musicien fait ce qu'il veut dans son coin me dérange. Après plusieurs écoutes, j'accroche vraiment, et le range avec les autres : très grand album !
J'essaie Kind of Blue : beaucoup plus calme, plus posé, j'aime beaucoup... Et puis il y a un fameux saxophoniste que je ne connais pas encore, qui s'appelle...

John Coltrane, avec My Favorite Things et Olé. Je découvre ces deux disques quelques jours après la découverte des Miles. Avant cela, je prends au hasard à la médiathèque Interstellar Space, album posthume, parce que la pochette a l'air sympa. Moi qui était encore novice en jazz, je n'ai pas tenu 30 secondes... Il n'y a qu'un sax et une batterie et c'est le truc le plus ardu que j'aie jamais entendu... J'ai donc pendant quelques semaines une très mauvaise image du bonhomme qui me semble faire des choses que seul lui comprend... Je prends donc les deux cités plus hauts. A la première écoute, ça me semble basique mais sympa (et bien plus facile d'accès que Interstellar Space). Après multiples écoutes, j'adhère totalement ! C'est magnifique !
My Favorite Things, le morceau, est une reprise de Coltrane d'une valse... Inutile de vous dire que le morceau sera magnifié ! C'est le seul morceau que Coltrane jouera tout le temps, depuis sa sortie sur disque. Jusqu'à des versions vraiment différentes, dont l'ultime sur le Live in Japan (le morceau est improvisé sur presque une heure dans une version quasi-méconnaissable). Olé, le morceau, est lui aussi fichtrement génial, avec sa flûte traversière enchantée... J'essaie des trucs encore plus accessibles : Blue Train et Giant Steps : génial, du jazz très accessible, avec des solos de sax déjà énormes !
Je laisse décanter et je décide de prendre ce qui est apparemment son chef-d'oeuvre : A Love Supreme. Là, c'est déjà plus difficile d'accès et ça me semble carrément moins basique. Première écoute : mouais, c'est sympa, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard... Après 5 écoutes : mais, boudiou, c'est énorme ! C'est ni plus ni moins un chef-d'oeuvre ! Je passe à la vitesse supérieure avec First Meditations (for quartet) où la rythmique est semblable à A Love Supreme mais où le Trane (comme on le surnomme) commence à jouer free. Enorme, tout simplement. Commençant à beaucoup apprécier sa manière de jouer, j'enchaîne avec Kulu Sé Mama, où Coltrane est véritablement déchaîné ! Toujours la même bande : Elvin Jones à la batterie, Jimmy Garrison à la basse, Tyner au piano mais des petits nouveaux s'ajoutent dont notamment Pharoah Sanders, saxophoniste de génie lui aussi. Encore une fois, c'est d'anthologie, les percussions sont omniprésentes, comment ne pas résister... Voulant du free, encore du free, je prends Sun Ship : énorme ! J'en redemande, je prends un pied monstrueux, je ne veux que du free et je ne résiste donc pas... Je reprends Interstellar Space et, c'est la claque ! Quelle puissance ! C'est monstrueux ! Comme quoi, il faut y aller petit à petit avec Coltrane...

Suite plus tard...

Ah, très intéressant ce petit topo, c'est vraiment super agréable à lire...

Commencer avec la doublette "Hot Rats"/"The Grand Wazoo", c'est déjà une excellente entrée en matière dans le monde tellement passionnant du Jazz. Et ensuite enchaîner sur "In a Silent Way" et "Olé"/"My Favorite Things", ce qui est toujours un choix très sur, tu peux pas te tromper. Ça donne une bonne première vision de ce qu'est le Jazz, ce qui fait son essence, je trouve. Et du coup ça donne aussi plein de pistes intéressantes pour aborder tout le reste (Fusion, Free, Be-Bop, Cool, Moderne, etc...)...
Parmi tout ce que tu as cité, je note quand même une dichotomie intéressante entre moderne et classique, avec d'un côté Miles période électrique et de l'autre le John Coltrane modal du début des années '60's (avant la tentation Free)...

Faudrait aussi que je me mette à écrire un petit truc comme ça, ça pourrait être cool. En tout cas, je suis assez pressé de lire la suite des évènements...

Je vais continuer ensuite avec notamment un groupe qui me tient très à coeur, les jeunes Sidony Box trio sax-guitare-batterie, entre morceaux hargneux et ballades sublimes !

Merci en tout cas, ça motive !

Je prends le temps d'écrire un suite, sinon je vais oublier...

Avant de rentrer dans le plus contemporain, un grosse découverte que j'ai oublié de citer dans le post précédent, c'est le grand grand claviériste et surtout pianiste dans les années 60's :

Herbie Hancock avec Sextant. L'album démarre sur des chapeaux de roues avec un premier titre qu'on pourrait presque qualifier d'électro. Effectivement, sur une durée de plus de 11 minutes, le morceau hypnotise l'auditeur avec un genre de rythme répété en boucle te qui en devient entêtant voire obsédant ! Les deux morceaux suivants sont beaucoup plus rock'n'roll, du bon jazz-rock, que dis-je, de l'excellent jazz-rock, où l'on peut remarquer le niveau hallucinant des musiciens et de la cohésion dont ils font preuve ! Un grand disque !
Voulant découvrir une autre facette de l'artiste mais me méfiant des années 80, je tente les années 60 avec la période Blue Note notamment. Et bien, ça n'a rien à voir, beaucoup plus calme, très calme d'ailleurs, parfait quand on a envie de se poser tranquille avec un petite bière... Euh un coca frais...
Pas d'album en particulier à conseiller, mais le coffret Blue-Note réunissant 6 cd qui est une vraie mine d'or, très bien fichu, un livret très complet. Un coffret de qualité où est réunie l'essentiel de la période Blue-Note.

Ma seule déception (elle est d'ailleurs très moindre) dans les grands noms du jazz fut Keith Jarrett, qui, même en proposant parfois de très bons morceaux, est trop démonstrative à mon goût, ce que ne me permet pas de bien apprécier la chose. Mais ce n'est pas grave, ça reste un très très grand musicien, surtout quand il joue avec Miles Davis (le concert improvisé à Woodstock en 69 de 35 minutes est énorme, la vidéo existe, elle est indispensable pour voir comment les musiciens s'éclatent et vivent le truc intensément... Un grand moment!).

Passons au plus récent avec un grand nom pour qui s'intéresse un tant soi peu au jazz, free-jazz, death-metal, dub, musique contemporaine, j'en passe et des meilleurs. Je veux bien sûr parler de

John Zorn, avec notamment Nosferatu sorte de bande-son au film de 1912, l'album est sorti en avril 2012 et c'est un pur chef-d'oeuvre de jazz-ambiant-free-contemporain-bruitisme... Bref, de Zorn quoi ! Les 3 premiers morceaux sont très représentatifs de l'album ainsi que de l'univers du bonhomme. Le premier morceau, est une sorte de dark-ambiant à la sauce Zorn, avec plein de bruitages qui servent à créer une ambiance angoissante tout du long. Le deuxième morceau, très calme, avec notamment cette fois-ci, du piano. Un atmosphère se crée également, et ça en devient flippant... Donc, très calme, mais tout aussi angoissant. Le troisième morceau, les musiciens lâchent leur rage sur un espèce de fond bruitiste durant tout le morceau. Après une minute, Zorn n'en peut plus d'attendre et rugit. Il joue du sax comme si sa vie en dépendait, plus énervé que jamais, sortant des sons hors du commun, des sons qui vous mènent comme lui dans un sorte de transe, qui ne sera que renforcé avec l'arrivée d'un orgue. Et tout l'album est de cet acabit, angoissant jusque dans la pochette (traces rouges coulantes en relief rappelant bien évidemment le sang...). Je connais mal le reste de sa disco mais ce disque me donne envie de poursuivre même si la disco du bonhomme est impossible à suivre, avec 500 albums et des brouettes à son actif...

Continuons notre périple du jazz avec un groupe qui fait pas mal couler d'encre dans les magazines européens de jazz, ils sont jeunes, frais et très inventifs, je veux bien sûr parler de

Sidony Box avec Pink Paradise et Rules. Ce trio de jazz français créé en 2010 réunit un saxophoniste (Elie Dalibert), un guitariste (Manu Adnot) et un batteur (Arthur Narcy). L'album Pink Paradise est relativement accessible pour qui aime le jazz avec parfois des passages calmes (Last Star), voire très très calmes (Léman) mais aussi des passages énervés (Tatooine) ainsi que des ballades d'une beauté incroyable (Ultimate Pop Song). Pour Rules, je vous poste la chronique que j'ai écrit pour un autre forum.

Après un excellent Pink Paradise en 2011, le groupe laisse paraître un teaser d'un nouvel album, dont la sortie est prévue pour fin 2012 sur la boutique du label et début 2013 en magasins. Ce teaser montrait le trio nantais en studio, sauvage comme jamais ! Et cela n'avait rien de trompeur : dès les premières secondes de Rules, le groupe est en ébullition, Arthur Narcy martèle ses fûts, et joue comme si sa vie en dépendait ! Les choses se calment par la suite, avec un très beau morceau, Girafe, qui monte en puissance sur plus de 10 minutes et explose à la fin avec une très belle mélodie, joué par Manu Adnot, le guitariste et Elie Dalibert le saxophoniste. Noctornum, la ballade de l'album, renoue avec les plus beaux moments des deux albums précédents et la magie réopère.

Manu règle son ampli et c'est parti pour du brut de décoffrage avec un morceau très énervé et free, Dark Wizard, qui finit en apothéose ! L'un des meilleurs titres du groupe !
Electric Love, beaucoup plus calme et accessible, est un pur plaisir, et nous permet de nous poser un petit peu avec la grosse claque qui arrive.
En effet, la grosse claque, c'est la suite Salsa-Gotham, magnifique mais qui nécessite plusieurs écoutes car très difficile d'accès. Près de 18 minutes pour ces deux morceaux, grandioses mais sombres !
On enchaîne avec Block Party beaucoup moins sombre, plutôt joyeux même, titre court mais efficace ou Manu Adnot et Elie Dalibert se complètent parfaitement ! Ambre, morceau mélancolique, triste mais ô combien magnifique, où Manu utilise pertinnement sa pédale de volume, conclut le disque de la meilleure des manières et nous laisse sans voix... Une heure de jazz parfois free et hargneux, parfois superbe et calme, mais qui ne déçoit jamais et qui nous donne un des meilleurs disques de l'année. Un chef-d'oeuvre.


Voilou pour la deuxième partie, la 3ème partie plus tard !