Opeth Blackwater ParkC'est avec une certaine crainte mêlé à de la joie que je mettais pour la première fois ce disque dans ma chaîne hi-fi... Allait-il me plaire autant qu'à tous ceux dont j'ai lu les chroniques élogieuses ? Allais-je le trouver à la même hauteur que
Ghost Reveries et
Watershed, découverts deux mois plus tôt ? Les riffs allaient-ils être aussi tranchants que sur les deux autres ? Est-ce que le growl d'
Akerfeldt n'allait pas être trop jeune ? C'est avec des questions plein la tête que je me décidai à écouter ce disque pour la première fois.
67:13 minutes passés comme un éclair. 67:13 minutes de pur génie et de pure cohésion. Etait-il possible que ce groupe arrive à me renverser autant ? Etait-il possible qu'UN groupe arrive à me renverser autant ? Je m'attendais à aimer, mais ce fut bien plus... Essayons d'expliquer mon ressenti après plusieurs écoutes de ce joyau...
Une ambiance inquiétante aux claviers (tiens, c'est la première fois dans l'histoire du groupe) qui monte en puissance 30 secondes durant et qui explose en un riff majestueux : nous voilà partis pour
The Leper Affinity. Akerfeldt growl magnifiquement bien, mieux que jamais. Pas facile à appréhender à la première écoute, mais il faut apprendre à le dompter. Au final, les 11 minutes se terminent alors qu'on a l'impression qu'elles ne viennent que de débuter. 11 minutes de death-metal mêlé à du prog acoustique du meilleur goût. Le morceau suivant,
Bleak fonctionne sur le même principe : un mélange de cris qui peuvent rebuter mais qu'il faut prendre le temps d'apprécier à leur juste valeur, sur des riffs aussi tranchants que magnifiques, avec plusieurs minutes d'arpèges de guitares acoustiques, qui créent des ambiances sombres mais divines.
On calme le jeu avec
Harvest, ballade mélancolique belle à pleurer, où
Akerfeldt prouve que, Opeth, ce n'est pas que du death-metal. On pense être repartis sur une autre ballade acoustique avec
The Drapery Falls, avec son intro à la guitare sèche, mais ça repart de plus belle pour se calmer 2 minutes plus tard plus tard... Une ambiance très sombre, une fois de plus, qui n'est pas sans rappeler certaines ambiances de
Porcupine Tree (pas étonnant quand on sait que
Steven Wilson travaille sur cet album). Plusieurs minutes passent, la tension monte et le groupe joue de plus en plus fort... Le groupe monte d'un cran s'énerve mais pas Akerfeldt, qui chante en chant clair, malgré le gros son de guitare. Une minute plus tard, le growl fait son retour, pour moins d'une minute !
Peter Lindgren nous gratifie des solis à couper le souffle. Le morceau se termine comme il a commencé, avec le même riff.
Dirge for November commence de la même manière que
The Drapery Falls, acoustique. Sauf que là, l'intro acoustique donc, dure presque 2 minutes. Mais les guitares puissantes arrivent, la basse de
Mendez se veut très mélodique malgré un
Lopez assez énervé derrière ses fûts et qui est amoureux de sa double-pédale. Encore une réussite ! L'enchaînement avec
The Funeral Portrait est tout à fait évident donc, vu que ce dernier commence calmement, comme se terminait
Dirge for November. Comme précédemment, les guitare ESP de
Lindgren et
Akerfeldt se veulent saturées, mais pas trop. Les riffs sont, une fois de plus, tranchants, techniques sans tomber dans la démonstration facile. Un grand morceau !
Pattern in the Ivy, un bien court morceau instrumental très jazzy, sert d'intermède entre le magnifique
The Funeral Portrait et la grosse claque qui suit.
Peter Lindgren à la guitare acoustique et
Steven Wilson, au piano pour un morceau superbe. Les accords se terminent et nous laissent avec la plus grande pièce que la musique ait jamais connue. Par pour sa longueur, mais pour son inventivité, son génie...
Blackwater Park, le morceau éponyme, s'étale sur presque 13 minutes. 13 minutes où pour la première fois dans l'histoire du groupe, il n'y a pas de chant clair. 10 minutes de death-metal qui fait remuer la tête à la première écoute mais qui fait bien plus, quand on s'y met plus sérieusement. Les riffs, cette mélodie de quelques secondes seulement à la guitare sèche, puis le "EU" de
Akerfeldt répété plusieurs fois, grâce à l'écho. Il m'a marqué, c'est moi qui vous le dit. Un passage acoustique très court, qui laisse place au meilleur.
Akerfeldt n'a jamais aussi bien chanté,
Lindgren n'a jamais aussi bien joué,
Mendez n'a jamais aussi bien groové et
Lopez n'a jamais aussi bien joué, et est plus énervé que jamais. 13 minutes de pur bonheur ! Quel pied... Jamais ressenti ça pour un autre morceau... Peut-être parce qu'il est unique, et parce que personne n'a fait mieux à mon sens. C'est comme ça que se termine ce
Blackwater Park, que ce soit le morceau ou l'album. Le son est magnifique, les compos aussi, l'inventivité aussi. Bref, tout y est. C'est ce qui en fait un chef-d'oeuvre. Un des plus grands de la musique moderne. Un des plus grands tout court.